Shetragic

J’étais sur Wikipedia, un clic en entraîne un autre puis un autre et à force de cliquer je suis tombée sur cet article détaillant la vie d’une actrice indienne du nom de Parveen Babi. Je ne suis pas branchée cinéma indien mais les détails de sa vie sont tout de même fascinants… Je l’ai déjà mentionné plus tôt; je suis adepte du bizarre, du tragique, du true crime. Les femmes mystérieuses, seules (indépendantes), atteintes de troubles mentaux, recluses et tragiques me captivent…

Parveen Babi est née en 1954, 14 ans, oui 14 ans, après le mariage de ses parents. Fille unique, elle perd son père à tout juste 5 ans.

Après l’obtention d’une Licence en Littérature anglaise, Parveen tente une carrière dans le mannequinat en 1972 avant de décrocher son premier rôle l’année suivante, avec Charitra. S’en suivent d’autres petits rôles avant Deewaar en 1975. C’est le film qui va lancer sa carrière, il est aujourd’hui considéré comme culte. En parallèle, Parveen Babi fait la une de plusieurs magazines, célébrité grandissante oblige.

Coté style, l’actrice n’hésite pas à jouer les rôles de séductrice libre: elle boit, fume et a également de nombreux amants à l’écran; ce qui en choque plus d’un. Notoriété, rôles multiples, couvertures de magazines, sa carrière est véritablement lancée.

Puis le silence, à partir de 1983. L’actrice se retire, on ne la voit plus, ni à l’écran, ni dans les magazines, et voici la presse qui fantasme: elle aurait été kidnappée et serait détenue par la mafia. On découvre plus tard que Parveen a fait le choix de se retirer de la scène pour poursuivre une autre passion: elle devient décoratrice d’intérieure. Au même moment, elle se convertit au Christianisme (elle est à  l’origine musulmane), ce qui l’éloigne définitivement de sa carrière d’actrice. Parvin se retire dans son appartement de Mombai, s’adonne à la photographie, au piano, à l’écriture et s’instruit: cours d’archéologie, architecture… Elle vit en véritable recluse pendant une bonne partie des années 80.

Vers 1989, une rumeur selon laquelle l’ancienne actrice serait schizophrène ou folle commence à se répandre, et pour cause, Parveen déclare lors d’une interview télévisée:

“Amitabh Bachchan* est un gangster international. Il en a après moi. Ses hommes de main m’ont kidnappé et j’ai été détenu sur une île où ils ont planté une puce électronique juste sous mon oreille.”

Elle sort une photo montrant une cicatrice sous son oreille, en guise de preuve. Elle va également plus loin. L’Eglise Catholique, le Prince Charle, Bill Clinton, la CIA et l’industrie cinématographique? tous à ses trousses. Un véritable réseau international aurait été mis en place pour nuire à sa personne. Curieux, n’est ce pas? Et bien, plus je prends de l’âge, plus je suis la ligne “don’t put ANYthing past ANYone.” Cela peut paraître grotesque mais stranger things have happened.

Plus tôt en 1984, Parveen Babi cause une scène à l’aéropot JFK de New York lorsqu’elle refuse de présenter ses papiers d’identité aux autorités; elle est détenue un moment avant d’être relâchée.

Après ces déboires, c’est le silence complet. L’ancienne actrice est retournée à sa vie de recluse, coupant cette fois contact avec sa famille. On n’entendra plus parler d’elle jusqu’en Janvier 2005. Le 22 Janvier, la police est alertée lorsque le réceptionniste de sa résidence remarque que Parveen n’est pas sortie depuis 3 jours; ni pour prendre son journal, ni pour récupérer ses courses livrées. Son corps sans vie est retrouvé dans son appartement le même jour et on suppose qu’elle est décédée 3 jours avant cette découverte. Sa jambe est recouverte de gangrène, un fauteuil roulant est retrouvé près de son lit, parmi une horde de vêtements, de médicaments et de journaux au sol.

L’autopsie révèle des traces d’alcool mais aucune trace de nourriture, il est possible qu’elle n’ait rien consommé les jours précédents sa mort. La piste criminelle est exclue, l’ancienne actrice serait morte d’une défaillance multi viscérale liée au diabète.

Etant devenue chrétienne et baptisée, Parveen Babi avait manifesté son souhait d’être enterrée selon la tradition chrétienne. Cependant, sa famille, musulmane, récupère sa dépouille mortelle et fait le choix de l’enterrer selon les rites islamiques, au cimetière musulman de Juhu à Mumbai.

Ce n’est pas fini. Cette même famille, avait laquelle elle avait coupé les ponts, défile à la Court Suprême pour réclamer sa part de l’héritage. Cousins, oncles et tantes éloignés, tous se relaient à la justice pour demander une part des propriétés, bijoux, et comptes bancaires de Babi. Elle avait pourtant pris le soin d’établir un testament.

La majeure partie de son patrimoine est léguée à certains membres de la famille Babi, 20% à un oncle du nom de Murad Khan Babi et les 10% restants à des organismes humanitaires. Parveen Babi a mis de l’ordre dans ses affaires, en dépit de sa dépression et de sa réclusion. Pas si folle que ça l’ancienne actrice.

*sa co-star dans de nombreux films, considéré comme l’un des plus grands acteurs indiens